Professionnalisation : pas de diplôme, mais un métier
Le dernier-né des contrats en alternance est d’abord destiné aux formations qualifiantes et non diplômantes. Son but : faciliter l’accès rapide à un emploi.
Un diplôme, Grégory en avait déjà un, en l’occurrence un DUT mesures physiques. Mais trop généraliste pour décrocher un poste dans le nucléaire. C’est pourquoi il a choisi de suivre pendant treize mois une formation pour se spécialiser, alternant un mois de cours et un mois dans une entreprise… qui a fini par lui proposer un CDI.
Apporter une qualification sur un métier particulier, tel est donc l’enjeu d’une formation dite qualifiante. Aujourd’hui, ces formations sont le plus souvent souscrites sous la forme d’un contrat de professionnalisation, qui remplace depuis octobre 2004 les anciens contrats de qualification, d’adaptation et d’orientation. Pas de diplôme à la clé, sauf exceptions dans certains secteurs.
« Ces formations correspondent à une demande des entreprises sur des métiers spécialisés qui ne sont pas couverts par les diplômes de l’Éducation nationale. », précise Anne Stéfanini, directrice déléguée de l’enseignement à la CCIP (chambre de commerce et d’industrie de Paris).
Plusieurs centaines de formations qualifiantes sont ainsi accessibles aux diplômés à bac + 3 ou bac + 4. Toutes se préparent par la voie de l’alternance, le plus souvent sur douze mois – parfois vingt-quatre mois – et avec un temps passé en entreprise plus long que dans le cas du diplôme en apprentissage (seulement trois jours de formation sont obligatoires par mois).
Juste après le bac : quand on est rétif aux études
« S’il y a complémentarité entre les formations qualifiantes et diplômantes, ces deux modes d’alternance ne correspondent pas forcément aux mêmes profils d’élèves », précise Anne Stéfanini. « Après le bac, le choix d’une formation diplômante, à l’exemple d’un BTS ou d’un DUT, est plus indiqué pour ceux qui ont un bon potentiel pour poursuivre des études », explique Georges Girault, ancien responsable formation du Groupement des industries métallurgiques et actuel vice-président de l’AMEF (Association Métiers, Entreprises et Formations).
À l’inverse, les titulaires d’un bac pro ou d’un bac techno qui hésitent à viser un diplôme de l’enseignement supérieur pourront s’engager directement après le bac dans des formations qualifiantes. Ces jeunes, rapidement opérationnels dans un métier, séduisent les entreprises. « Par exemple, une formation qualifiante au métier de secrétaire médicale, qui recrute notamment au niveau bac ou bac + 1, permet en quelques mois de se former à la pratique et au vocabulaire médical », note Anna Bouvet, responsable du CIOP (Centre d’information et d’orientation professionnelle) à la CCI (Chambre de commerce et d’industrie) de Versailles.
Au-delà : pour se spécialiser sur un secteur
Pour les diplômés de bac + 2 à bac + 4 qui possèdent déjà un bagage généraliste, les formations qualifiantes en alternance permettent d’acquérir une expérience et une spécialisation.
« En mettant en place un formation de conseiller en assurances et en épargne, souligne Élisabeth Bauby, responsable de l’emploi et de la formation à la Fédération française des sociétés d’assurances, nous misons sur des jeunes avec lesquels nous serons plus exigeants que dans le cadre d’un stage et visons une politique d’intégration à court terme. »
Mais attention : une formation qualifiante ne donne pas l’équivalence d’un diplôme : si le candidat souhaite prolonger encore ses études plutôt que de rentrer dans la vie active comme prévu, il devra soumettre son dossier à la direction de l’établissement visé.
Des gages de qualité pour des cursus
Si, à défaut de diplôme, les cursus qualifiants sont censés répondre aux besoins spécifiques des entreprises, mieux vaut avoir des garanties sur ces formations. Les branches professionnelles, de l’hôtellerie à l’automobile, en passant par le bâtiment ou encore la cosmétique, se sont organisées en ce sens, en mettant en place des CQP (certificats de qualification professionnelle), qui sont autant de gages de qualité concernant la formation et l’insertion professionnelle.
D’autres formations, le plus souvent créées à l’initiative des CCI, débouchent sur des titres professionnels. Garantis jusqu'à présent par une homologation qui correspondait à une reconnaissance de qualité délivrée par le Ministère de l’Emploi, ces titres sont désormais examinés et validés par une commission ad hoc : la CNCP (Commission nationale de la certification professionnelle).
Autres filières reconnues, les formations dispensées par des écoles d’entreprise. Ce sont notamment les écoles de vente Renault, Peugeot, Carrefour… qui délivrent des titres maison, mais aussi des CQP ou des titres répertoriés. « Ces écoles d’entreprise qui ont pignon sur rue attirent avec succès des jeunes qui ont une passion pour un univers de métiers », note Georges Girault.
Reste un grand nombre de filières qui n’aboutissent qu’à un certificat d’école. Elles émanent d’établissements qui ont mis sur pied des formations spécifiques parfois à la demande d’entreprises locales. Et là, le pire et le meilleur se côtoient, et une grande prudence s’impose.
« En l’absence de reconnaissance officielle, il faut s’adresser aux chambres de métiers, à la chambre de commerce et d’industrie de sa région ou aux fédérations professionnelles, conseille Georges Girault. Et s’il s’avère que l’organisme de formation est inconnu des professionnels du secteur, mieux vaut s’abstenir… » Parce que qualification doit forcément rimer avec insertion